Cher Père Noël

Catégories : Rencontres LIBERTINS candaulistes Femmes rondes Plaisir des yeux Libertins
il y a 4 ans

Cher Père Noël,

Aujourd’hui, j’ai décidé de rassembler mon courage pour parvenir enfin à t’écrire. L’année dernière, je n’ai pas osé. J’ai pensé que, peut-être, je n’avais pas été assez gentille, que je ne méritais pas que tu me récompenses comme les autres.

Je ne vais pas te mentir, et te dire que j’ai été exemplaire. Cette année, tout comme les années

précédentes, j’ai fait des bêtises, mais lorsque je t’en aurai expliqué la raison, peut-être accepteras-tu de les oublier. Car, après tout, tu en es pour une part responsable.

C’est de ta faute, à toi et à ton air si parfait, toi et ta bienveillance si convenue, toi et tes manières si délicates. J’ai pourtant tout fait pour que tu aies envie de poser tes yeux sur moi, plutôt que sur ces pimbêches. J’ai été irréprochable, adorable avec tout le monde, discrète, charmante, souriante. J’ai été la gentille fi lle, telle que je pensais que tu voulais que je sois. Mais tu ne m’as pas récompensée.

Alors ce jour-là, comprenant une fois encore que je serai privée de Noël, j’ai décidé de me consoler en m’offrant moi-même mon cadeau.

J’ai rejoint l’équipe de bénévoles avec qui je travaillais. Je ne m’étais pas portée volontaire cette année-là, pour le Noël des sans-abri. Je voulais être tout à toi, au cas où tu aurais daigné me prêter attention. De quelle bêtise incommensurable les femmes sont-elles capables pour les hommes...

Alors, j’ai dû rappeler Solange pour lui demander si je pouvais venir prêter main-forte. L’association était très stricte sur ce point : les bénévoles devaient s’engager de façon fi able dans la distribution des repas. « Ce n’est pas à la carte », disait toujours René, le président. Mais j’ai insisté, expliqué, argumenté que je ne serais pas de trop pour les aider. Solange a marmonné que c’était un peu tard... mais, vu le nombre de volontaires ce soir-là, ils ne pouvaient se permettre de me dire non.

J’ai enfi lé mon manteau, pris mon sac, et m’apprêtais à passer la porte de mon petit deux-pièces, lorsque je me suis ravisée. Je suis retournée dans ma chambre, et me suis changée. J’ai pioché dans mon tiroir une culotte en coton vichy, aux formes juvéniles, et j’ai pris soin de mettre par-dessus ma jupe la plus courte. La vie faisant bien les choses parfois, c’était aussi la plus provocante. Elle était boutonnée sur le devant, de sorte que la fente conduisait naturellement le regard vers mon sexe. L’arme parfaite pour ce que j’allais faire.

J’ai ensuite enfi lé mon petit chandail turquoise, celui qui fait ressortir mes yeux. Mais surtout celui qui laisse outrageusement apparaître la naissance de mes seins. Évidemment, je n’ai mis aucun soutien-gorge dessous.

Le contact de la laine fi ne frottait mes tétons juste assez pour les faire pointer, de sorte que tout le monde allait pouvoir les deviner. Je jetai un dernier coup d’oeil dans le miroir ; me trouvant relativement excitante, je quittai mon appartement.

Sur place, l’ambiance était survoltée. Le réveillon de Noël, c’est toujours le meilleur soir pour l’association : nos « protégés », comme on les appelle entre nous, sont d’humeur joyeuse. Claude ironise sur la nourriture, Jeanne se plaint en rougissant de l’humour scabreux de Bébert, et Sam, le petit nouveau, observe tout ça avec son petit sourire timide si charmant. La bande forme une famille étrange, bancale, imparfaite comme toutes les familles, mais unie et bienveillante. Un joli spectacle de chaleur humaine.

Voilà ce que je me serais dit en temps normal, en regardant ce réveillon digne d’un fi lm de Capra. J’aurais souri niaisement en me félicitant de faire partie de ce petit élan de générosité humaine noyé dans l’océande l’égoïsme généralisé. Mais pas cette année. J’avais seulement envie de te faire payer la frustration que tu m’infligeais une fois de plus. Alors, quand René est venu

me saluer, et que j’ai surpris son regard lubrique sur mes seins, j’ai su que tout allait être facile, peut-être même trop.

René était le dernier mâle dont j’aurais pu avoir envie en temps normal. Avec sa silhouette longiligne, ses lunettes rectangulaires, ses cheveux grisonnants, sa moustache mal taillée, il avait tout du professeur de physique à la retraite. L’anti-sex-symbol. Le fait qu’il me regardait

chaque fois avec une envie à peine dissimulée me dégoûtait encore plus. Mais ce soir-là, tu m’avais tellement déçue qu’il me fallait trouver un moyen de purger ma frustration. Et n’importe qui aurait pu faire l’affaire. Y compris René et sa soixantaine bien tassée.

J’ai donc fait en sorte d’être à côté de lui durant la distribution des repas. Il parut surpris de cette soudaine familiarité entre nous, lui qui essuyait toujours des regards d’indifférence de ma part. J’ai plaisanté avec lui, je me suis montrée aimable, lui ai fait un compliment sur ses mains, que je disais trouver élégantes. « Des mains d’artiste », me suis-je amusée à lui murmurer à l’oreille. Il a réagi favorablement à mon petit numéro, puisqu’il me servit à son tour compliment sur compliment.

J’eus un instant d’hésitation, comme spectatrice de moi-même, à deux doigts d’abandonner, avant de me reprendre. Non, je n’en faisais pas trop. Non, je ne me comportais pas comme une allumeuse tentant d’exciter un homme marié. J’avais un objectif : me venger de ton absence, et il était hors de question que j’échoue. Ce soir ou jamais.

Je voyais bien que Solange nous observait du coin de l’oeil, sans manquer une occasion de m’envoyer une petite remarque cinglante. Peine perdue : ce soir, j’avais décidé que René serait mon jouet. Mon cadeau de Noël.

Je m’arrangeai pour faire appeler Solange en cuisine afin d’avoir le champ libre. Je servis une dernière assiette de lapin aux pruneaux puis, faisant remarquer qu’il n’y avait plus de papillotes, je me proposai d’aller en chercher dans la réserve. Alors que René avait entrepris de faire le tour des tables pour voir si tout se passait bien et récolter les mercis au passage, je rejoignis la réserve, non sans m’être assurée que René m’avait vue quitter la pièce. Sur place, je déplaçai les papillotes en haut d’une étagère, puis laissai passer quelques secondes, avant de réapparaître dans l’embrasure de la porte, et d’interpeller René, lui demandant où étaient rangées les fi chues

papillotes.

Le temps qu’il quitte les convives pour me rejoindre, je me mis en position, à quatre pattes, cambrée, faisant mine de récupérer quelque chose sous un meuble. Quand il pénétra dans la pièce, il eut d’entrée une vue plongeante sur mon cul, qui débordait de ma jupe et d’envie. Il eut un moment d’hésitation, ne croyant pas au cadeau de Noël que le petit Jésus était en train de

lui offrir.

Je me relevai, lui souris innocemment, en lui montrant la pomme de terre que je venais de récupérer au sol. Le vieux vicieux suait. Il se mordilla la lèvre de nervosité, et ne put réprimer un regard curieux en direction de ma poitrine. Je lui demandai de me hisser par la taille afin de pouvoir atteindre le paquet de papillotes tout en haut de l’étagère. Il s’exécuta, fébrile. En me

redescendant au sol, je sentis son souff e excité dans mon cou. Je fis volte-face, me retrouvai collée contre lui, à quelques centimètres de son visage. Je sentais son sexe tendu à travers son pantalon.

Je le regardai droit dans les yeux, avec la fausse candeur d’une vierge qui découvre le désir dans les yeux des hommes. Il prit ça comme une invitation, colla sa grosse bouche humide sur mes lèvres, y fourra avec empressement sa langue. Deux secondes plus tard, il avait une main collée sur mon sein, et de l’autre, soulevait avec fébrilité le peu de vertu que me laissaient

encore mes quelques centimètres de jupe.

Il me bouscula avec rudesse vers la pile de cageots au fond de la remise. Sa langue parcourait ma nuque, mes seins, mes oreilles, avec l’avidité d’un animal en rut. Je le trouvais brutal et dégueulasse, mais au bout de quelques minutes, je me laissai aller à désirer sa brutalité et sa laideur. Son excitation était celle d’un vieux lubrique et ses gestes si maladroits, si pleins de fébrilité que je n’étais plus pour lui qu’une chose à baiser sans détours et sans manières. Il fallait la corriger, la petite salope, la baiser bien comme il faut, bien à fond. Mais la petite salope ne demandait que ça...

Je baissai d’un coup sa fermeture Éclair, sortis sans ménagement sa verge de son slip. Soulevant mon chandail afin qu’il puisse se rassasier de la vue de mes seins pendant que je jouais avec sa queue, j’entrepris de la fourrer dans ma bouche, pour la lui sucer comme il le méritait. Il eut un mouvement de recul, s’appuya contre le mur derrière lui, comme si c’était trop pour

son petit coeur de retraité !

Je pensais à Solange dans les cuisines, aux autres qui bâfraient à quelques mètres, dans la pièce à côté ; mon esprit naviguait entre malice et excitation. Ce petit monde festoyait à la santé du petit Jésus, pendant que l’autre Jésus, le saucisson du pervers, était dans ma bouche, en train de se faire gentiment dorloter.

J’aurais continué plus longtemps si je n’avais soupçonné le salaud d’être à deux doigts de jouir dans ma bouche. Pas question qu’il fasse sa petite affaire sans moi. Je mis un frein à ses ardeurs, en extrayant sa grosse verge de ma bouche dégoulinante. Il était au bord de l’asphyxie, râlant, gémissant, haletant, soufflant à n’en plus finir... pris d’une excitation indescriptible, incapable

d’aucune initiative.

Avide de caresses. Je le repoussai, ce qui l’excita davantage. Il m’examina de haut en bas, le vice au bord des lèvres, la respiration lourde, et il dégrafa d’un seul geste tous les boutons de ma jupe. Il se rua sur moi pour m’embrasser goulûment, me lécher partout, abaissant de ses grosses mains maladroites ma petite culotte de vichy.

Ses baisers m’agaçaient ; alors, lui tournant carrément le dos, je lui offris tout bonnement mon cul en pâture. Je l’entendais qui expirait bruyamment ; puis, sans plus d’hésitation, il s’enfonça en moi avec un râle étouffé. Tandis qu’il fouettait mon cul de ses coups de reins, j’étais allongée sur le dernier cageot de la pile, le visage dans les pommes de terre...

Oui, comprenne qui pourra, je prenais mon pied à jouer les filles de la campagne. En effet, l’air humide de la remise, l’accent rustre des gars de l’autre côté de la porte finirent, contre toute attente, par se conjuguer pour me mener à l’excitation. Le vieux salaud me prenait en levrette dans un local moisi, à quelques mètres d’ivrognes braillant à tue-tête – et j’adorais ça !

Le René appuyait sa main sur ma tête, me culbutant de plus en plus fort. Son sexe s’enfonçait avec tant d’ardeur que je sentis bientôt que la jouissance s’invitait en moi. Elle monta en puissance jusqu’à ce que la main du vieux salingue caresse mon ventre nu. Ses doigts fanés sur la peau fraîche de mon bas-ventre, frôlant ma chatte, m’imposaient une intimité plus obscène que

tout ce que j’avais pu connaître auparavant...

Je ne pus retenir mon orgasme, qui fut sans précédent. Par chance, mon cri fut étouffé par l’agitation bruyante des convives. Le retraité jouit en moi peu de temps après. Puis, passé quelques secondes, épuisé, il fi nit par retrouver son souffle. Il me considéra, voulut m’embrasser, me couvrir de tendresse écoeurante, mais je me rhabillai vite fait, lui faussai compagnie en un éclair.

Voilà tout ce que tu as manqué, cette année, cher Père Noël. Tu aurais pu profi ter de mes petits seins sous mon chandail turquoise, de mon ventre nu, de ma culotte en coton. Tu aurais pu déboutonner ma jupe d’un geste avide, me prendre en levrette. Tu aurais pu me donner

du plaisir, en prendre en retour. Au lieu de ça, tu étais partout, sauf avec moi.

Remercie-moi de t’épargner le récit détaillé des trois années précédentes, où j’avais dû également compenser ton absence. Cette année où j’avais fi ni à l’arrière d’un taxi, à baiser avec le chauffeur russe censé me ramener chez moi.

Ou celle d’avant, lorsque j’avais débauché le vendeur de sapins, et qu’on avait fi ni par s’envoyer en l’air dans son pick-up. Et la toute première année quand, tellement dépitée

de t’avoir vu partir avec une autre, j’avais échoué à l’église pour assister à la messe de Noël, et finalement réussi, après je ne sais quelles ruses, à sucer le curé, avant qu’il ne se sauve, poursuivi par sa culpabilité

.

Aujourd’hui, je suis là, en face de toi. Si tout s’est passé comme je l’ai prévu, tu es en train de lire ma lettre, pendant que je fais semblant de travailler en t’observant discrètement. Je ne vais pas me défiler encore une fois. Je ne vais pas me faire sauter par un autre parce que je n’ai pas osé dire à mon responsable que j’avais envie de lui. Je ne vais pas non plus continuer à jouer les filles sages, habillées en chemisier blanc et tailleur impeccable, qui rentrent chez elles directement après le travail.

Ça fait cinq ans que, au moment des fêtes de Noël, j’accepte cet intérim à la Poste, dans l’espoir de profiter de ta présence l’espace de quelques semaines. Cinq ans que je lis toutes ces lettres d’enfants adressées au Père Noël, qui racontent ce dont ils ont envie, et que je dois y répondre sans broncher, en oubliant ce dont moi, j’ai envie ! Alors que tu n’es qu’à quelques mètres, en pantalon gris à braguette à boutons et petite chemise bien repassée.

Cinq ans que tu ne me remarques pas, que tu te laisses séduire par les dindes en minijupe moulante qui gloussent à ton approche ! Cinq ans que je soigne ma frustration avec des aventures d’un soir plus glauques les unes que les autres !

Cette fois, c’est la dernière : si tu ne m’offres pas mon cadeau de Noël ce soir, tu ne me reverras plus ! Je ne souhaite pas grand-chose, trois fois rien : juste un petit cadeau un petit peu particulier. Un cadeau, qui ne se déballe pas, ne se touche pas, ne se conserve pas dans un

tiroir après qu’on a joué avec.

À la fi n de la journée, je rentrerai chez moi, comme si de rien n’était. Tu n’auras qu’à venir à 21 heures précises, et pousser la porte d’entrée, que je laisserai ouverte. Tu me trouveras allongée devant ma cheminée, juste vêtue de mon chandail turquoise moulant et de mes chaussettes en laine. Tu pourras me prendre comme tu souhaites, dans toutes les positions que tu souhaites, aussi longtemps que tu souhaites. Tu pourras m’attacher les poignets avec des guirlandes, ou même me caresser la chatte avec les boules du sapin si ça te chante. J’ai joué les gentilles filles parce que je pensais que c’était ce qui te plaisait. À présent, je vais redevenir la salope que j’ai toujours été. Je peux rendre ton Noël plus heureux que tous ceux que tu as connus auparavant, mais il n’y aura pas d’autre chance.

Si tu ne viens pas ce soir, je me trouverai un autre Père Noël pour satisfaire mes envies. À toi de décider.

À tout à l’heure. Ou à jamais.

Il avait lu la lettre.

Il leva les yeux sur-le-champ, cherchant autour de lui l’auteur. Son regard s’arrêta sur elle. Il cligna des yeux, troublé : elle n’avait plus ce côté timide qu’elle affichait d’habitude. Elle le défi ait du regard, d’un air hésitant entre provocation et colère.

Il la fixait. Elle portait un chandail turquoise au décolleté audacieux qu’il ne lui connaissait pas. Il

remarqua que les seins pointaient outrageusement à travers la laine. Il releva les yeux vers les siens : elle soutenait son regard.

Vaincu, il esquissa un sourire...

Nora James

Cette ressource n'a pas encore été commentée.
Publicité en cours de chargement